Vladimir Poutine a déclaré la guerre à l’Ukraine. Quels que soient les prétextes allégués, en l’occurrence celui, spécieux, de la sécurité de la Russie, il viole le droit international et agresse un peuple souverain. Pire, il s’agit du même peuple de langue et de culture slaves. Université européenne Epicur, université sur les frontières, membre d’Eucor – Le Campus européen, notre universtié est blessée dans ce qui fait ses valeurs. Ce drame nous concerne. L'Ukraine a des frontières avec quatre pays de l’Union européenne : Pologne, Slovaquie, Hongrie, Roumanie.
Aujourd’hui, donc, l’Union européenne découvre sur ses frontières que la guerre dans ce « vieux continent » n’est pas du passé. Terrible réveil. Faut-il que les explosions déchirant le ciel de Kiev réveillent la conscience européenne ? L’euroscepticisme n’est pas sans être aujourd’hui une des causes de l’impuissance européenne. Vladimir Poutine agresse ses frères de sang. Les chroniques médiévales désignent souvent Kiev comme « mère de toutes les villes russes » : cela met en évidence la dimension tragique du conflit. Moscou s’en prend aux valeurs qui ont toujours dérangé les dictateurs : la liberté, la diversité, le débat. Ces valeurs sont aux racines de l’Europe et quelle que soit la violence qui se déchaîne sur les Ukrainiens, elles sont imprescriptibles. Aucun révisionnisme, aucun potentat élu ou autoproclamé ne saurait les éradiquer. Les 27 n’ont jamais été aussi unis que depuis l’invasion russe de l’Ukraine. Paradoxe cruel. Cela signifie qu’il ne faut pas moins d’Europe mais plus.
Cela implique pour l’Unistra, université du Parlement européen, un engagement encore plus fort dans l’enseignement, la recherche et le service à la société, pour la défense et l’illustration des valeurs. Tout comme au Conseil de l’Europe, qui siège à Strasbourg, notre université accueille sur un même campus enseignants, chercheurs et étudiants russes et ukrainiens. Ils ont droit à la liberté et penser et de chercher, dans le respect et la liberté du débat. Aidons-les, accueillons-les, écoutons-les. Dans l’immédiat, toute notre solidarité va au peuple d’Ukraine, mais aussi aux Russes, nombreux, qui eux aussi souffrent de la dérive paranoïaque et incendiaire de leurs dirigeants. « Toutes les guerres sont civiles, car c’est toujours l’homme contre l’homme qui répand son propre sang, qui déchire ses propres entrailles », dit fort justement Fénelon.
Michel Deneken
Président de l'Université de Strasbourg